Mon Maître Jacques Dautrey nous a quitté le 14 janvier 2013 dans sa 90ème année. Il est né le 19 novembre 1923 à Vignory petit village prés de Chaumont en Haute Marne où son père exerçait comme médecin.
Il a fait ses études de médecine à Nancy, puis son CES de stomatologie de 1950-1953 à Paris, il faisait partie de la même promotion que Jean Delaire.
En 1953, lors d'un congrès à l'hôpital Foch, il rencontre le médecin général Gustave Ginestet dont il devient l'élève puis l'assistant de 1954 à 1960 ; il s'occupait dans le service du traitement orthopédique des fractures des maxillaires et de la préparation des patients devant être opérés d'une ostéotomie.
Cela explique qu'il ait composé avec Gustave Ginestet une trousse d'instrumentation et de matériel d'orthopédie maxillo-facial qui était vendue par Simal.
Il retrouva aussi à Foch Paul Tessier qu'il avait déjà rencontré en 1945 car celui-ci avait pris en charge son frère blessé à la face par une grenade.
Il a toujours eu une profonde estime pour lui et son seul regret était de n'avoir pu monter à coté de lui un service de chirurgie maxillo-faciale.
Paul Tessier conseillait à tous ses visiteurs internationaux de passer à Nancy voir Jacques Dautrey.
En 1960 il retourne à Nancy, en même temps qu'il ouvre son cabinet en ville ; il est attaché dans le service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie (Pr Gosserez) ; il était chargé de cours à la faculté et donnait aussi des cours aux étudiants de 5ème année à l'institut dentaire.
Il décide de s'installer à la clinique Saint-André en 1965 lors de son ouverture dont il a été PDG pendant 14 ans.
Il rencontre en 1970 Hugo Obwegeser à Zurich qui réalisait les premières ostéotomies sagittales de la branche montante en intégrant l'extension à la branche horizontale de Dalpont. Il a développé une instrumentation permettant de pratiquer cette chirurgie en toute sécurité notamment les écarteurs protecteurs dans la préface du catalogue de la société Simal qui commercialisait ses instruments il fait référence à son maître Gustave Ginestet et à Hugo Obwegeser.
Il crée son enseignement post-universitaire pour les médecins et dentistes sous forme de sessions de 2 ou 3 jours avec démonstrations opératoires et consultations post-opératoires. Il en organisait 2 à 3 par an et cela pendant 25 ans.
Il a eu un certain nombre de visiteurs étrangers notamment Anthony Wolfe de Miami, Henry Kawamoto de New-York et Alexander Stratoudakis d'Athènes.
Il a pris sa retraite à 70 ans et organisa une dernière réunion à laquelle il invita notamment Paul Tessier, Daniel Marchac, Jean Delaire, Jacques Lévignac, Jean-François Tulasne entre autres.
J'ai rencontré Jacques Dautrey lors d'une réunion au CH de Villeneuve-Saint-Georges dans le service de chirurgie maxillo-faciale du Dr Pierre Scheffer en 1986. J'ai été marqué par sa rigueur, sa curiosité et surtout son habileté. Je suis allé plusieurs fois par an et pendant plusieurs années le voir opérer et assister à ses consultations pré et post-‐ opératoires.
A chaque fois qu'il venait à Paris nous arrivions à dîner ensemble, ce qui nous permettait de parler de la spécialité et surtout de chirurgie orthognatique. Lors de notre dernière rencontre le 17 novembre 2012 pour son anniversaire nous avons encore parlé de chirurgie orthognatique, il était passionné. Malgré ses lourdes charges de travail il se consacra aussi largement à sa famille dont il était le pilier. Il a suivi de près la scolarité de ses quatre enfants, partageant avec eux son temps et sa grande culture. Il formait aussi avec sa femme Nicole un couple solide, elle l'a toujours épaulé, elle était le lien entre sa famille et son métier.
Nous pouvons saluer aujourd'hui en Jacques Dautrey le parcours qui s'achève d'une vie privée et d'une vie professionnelle pleinement réussies. Il nous laissera ce qu'il y a de plus précieux en héritage : une belle et une grande image, celle d'un médecin exceptionnel resté simple et humain et qui aura fait tant pour notre spécialité.